Aida

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Aida - Giuseppe Verdi [1813 – 1901]

 

Opéra en quatre actes
Livret d'Antonio Ghislanzoni basé sur une ébauche d'Auguste Mariette, développé par Camille Du Locle en collaboration avec Giuseppe Verdi
Première mondiale le 24 décembre 1871 au Caire
Première à la Deutsche Oper Berlin, le 22 novembre 2015
Recommandé pour les 15 ans et plus.

 

Durée : 3 h 15 min / 1 entracte
En langue italienne avec surtitres en allemand et en anglais
Conférence introductive (en allemand) : 45 minutes avant chaque représentation

 

 

Argument

L'action est située à Memphis et à Thèbes au temps des pharaons et met en scène l'intrigue amoureuse entre Aïda, une esclave éthiopienne, et Radamès, un officier égyptien, contrariée par le conflit armé opposant leurs deux peuples.

 

Acte I

Bref prélude : dans un tempo lent, des violons divisés jouent pianissimo le thème d'Aïda, thème doux et léger. Est ensuite exposé, aux violoncelles d'abord, puis à tout l'orchestre, le thème des prêtres qui seront une des clés de voûte de l'intrigue, notamment le grand-prêtre Ramphis : une longue et sombre phrase descendante qui apparaît de nombreuses fois durant l’œuvre. Les deux thèmes très contrastés s'opposent jusqu'au climax : un fortissimo général où se mêlent les deux thèmes : Aïda se révolte contre son sinistre destin où les prêtres et la fatalité la précipiteront. Cependant l'orchestre déjà diminue d'intensité et le prélude se termine dans le calme. D'après la brochure « L'Avant-Scène Opéra » consacrée à Aïda, il semble que Verdi ait, un instant, voulu remplacer son prélude par une ouverture. En fait, cette ouverture, d'une durée plus longue, fut utilisée lors de la première italienne, qui eut lieu le 8 février 1872 à La Scala ; mais, par la suite, Verdi décida d'en revenir au prélude qu'il avait composé pour la première du Caire.

 

Premier tableau - Une salle du palais royal

Le grand-prêtre Ramphis confie au jeune capitaine Radamès que l'armée éthiopienne s'apprête à envahir la vallée du Nil, ce qui représente une menace pour Thèbes. Il lui apprend aussi que la déesse Isis a déjà désigné celui qui commandera l'armée égyptienne pour arrêter l'ennemi. Resté seul, Radamès rêve d'être ce chef et de vaincre l'agresseur. Avec la victoire, il pourra ainsi demander, en récompense, Aïda, l'esclave éthiopienne d'Amneris, la fille du pharaon (« Celeste Aida »). Radamès aime secrètement Aïda mais il ignore que celle-ci est la fille du roi d'Éthiopie, Amonasro. Éprise de Radamès, entre Amneris, suivie d'Aïda. Devant le trouble de cette dernière à la vue de Radamès, elle devine le sentiment qui existe entre les deux jeunes gens. En proie à la jalousie, elle questionne son esclave pour connaître la vérité, puis la menace. Entrent ensuite le Roi d’Égypte ainsi que les prêtres et soldats alors qu'un messager apporte une terrible nouvelle : la ville sacrée de Thèbes est encerclé par l'armée éthiopienne, commandée par le redoutable Amonasro. « Mio Padre ! » s'écrie Aïda, mais personne ne l'entend dans l'émotion générale. Conformément au choix de la déesse Isis, le pharaon désigne Radamès pour diriger l'armée égyptienne dans un rythme de marche martial. Amneris clame à Radamès qu'il doit revenir vainqueur, cri repris par toute l'assistance, y compris Aïda. Restée seule, cette dernière se reproche d'avoir souhaité une victoire, synonyme de défaite pour son père et pour sa patrie (« Ritorna vincitor »).

 

Second tableau - Le temple de Vulcain, à Memphis

Dans le temple alternent les invocations de la grande prêtresse et de ses acolytes (depuis les coulisses) et les prières des prêtres (sur scène), puis des prêtresses se livrent à une danse rituelle, à la suite de quoi Ramphis invoque le dieu Ptah et remet solennellement à Radamès l'armure et le glaive sacrés, emblèmes de son commandement sur les armées égyptiennes.

 

Acte II

Premier tableau

Dans ses appartements, Amneris attend avec impatience le retour de Radamès qui a vaincu les Éthiopiens. Même la danse des petits esclaves maures ne parvient pas à la distraire de ses pensées. Sa jalousie est ravivée par l'arrivée d'Aïda. Voulant savoir si son esclave aime Radamès, elle lui annonce brutalement la mort de ce dernier. Le désespoir d'Aïda est éloquent. Amneris révèle alors à Aïda que Radamès est vivant, puis laisse éclater sa fureur devant sa joie. L'écho lointain d'une sonnerie de trompettes, annonçant le retour de l'armée égyptienne, met fin à l'affrontement entre les deux femmes.

 

Second tableau

La grande place de Thèbes. Le peuple salue chaleureusement l'arrivée du souverain accompagné d'Amneris, Ramphis et Aïda. Précédées par la célébrissime « marche des trompettes » (passage le plus connu de l'opéra), les troupes égyptiennes défilent devant le Roi. Le défilé se termine par l'arrivée de Radamès, porté en triomphe. Le Roi rend hommage au sauveur de la patrie et s'engage à exaucer ses désirs. Radamès obtient tout d'abord que soient amenés les prisonniers. Aïda reconnaît son père parmi les captifs. À mi-voix, Amonasro lui ordonne de ne pas le trahir, puis implore la clémence des vainqueurs. Il reçoit l'aide de Radamès qui demande la libération des prisonniers. Tenant ses engagements et malgré la mise en garde de Ramphis, le Roi gracie les captifs et accorde la main de sa fille au chef victorieux. Alors qu'Amneris laisse éclater sa joie, Radamès et Aïda sont désespérés, tandis qu'Amonasro rumine sa vengeance. Ce morceau d'ensemble se termine par le rappel de la marche des trompettes qui conclut théâtralement le deuxième acte.

 

La Marche des trompettes

Immédiatement, cet air connu aussi sous le nom de marche triomphale dépassa le succès de l'opéra, lui-même très grand. Si ses accents martiaux le firent reprendre (jusqu'à aujourd'hui) par la plupart des armées européennes et au-delà, il fit l'objet de trois détournements. Le premier, quelques années après sa création, par les partisans de l'unité italienne qui en firent leur hymne de ralliement ; le second par les pacifistes qui, en retour, y rajoutèrent des paroles, évidemment apocryphes :

 

« Toujours retentissez trompettes solennelles,
Mais ne chantez plus le feu, la mort, les vainqueurs
Unis dans une longue étreinte fraternelle.
Faisons régner la paix, l’amour au fond des cœurs
Au sein de nos cités,
Les peuples vont chanter
Leur chant de liberté
Chantez ! Chantez ! »

 

Le troisième, enfin, est le détournement en l’hymne Vara chanté dans la plupart des classes préparatoires littéraires (Khâgne) de France.

 

Acte III

Sur les bords du Nil, près d'un temple d'Isis.

Cet acte, souvent appelé l'Acte du Nil, débute par une introduction orchestrale de seize mesures : une exotique et douce mélodie de flûte accompagnée par des quintes et octaves à vide des cordes en harmoniques introduit l'atmosphère d'une nuit sur les berges du Nil.

 

Accompagnée de Ramphis, Amneris vient invoquer la protection de la déesse Isis à la veille de ses noces avec Radamès. Elle pénètre dans le temple, suivie du grand-prêtre. De son côté, Aïda attend Radamès, qui lui a donné rendez-vous dans ce même lieu. Elle évoque avec nostalgie le souvenir de son pays natal (« O Patria mia »). Elle est interrompue par l'arrivée d'Amonasro, qui a surpris le secret de sa fille et entend l'exploiter. En effet, les Éthiopiens ont repris le combat et s'apprêtent à affronter à nouveau l'armée égyptienne conduite par Radamès.

 

Attisant la jalousie d'Aïda, tout en lui faisant miroiter la patrie retrouvée, Amonasro essaie de convaincre sa fille d'utiliser son emprise sur Radamès pour que celui-ci lui révèle la route suivie par son armée. Devant le refus horrifié d'Aïda, Amonasro maudit sa fille, la renie et la traite d'esclave des pharaons. Brisée, Aïda finit par céder. En entendant Radamès arriver, Amonasro se cache. Radamès renouvelle ses déclarations d'amour et Aïda lui demande de fuir avec elle en Éthiopie. Devant les hésitations de Radamès, Aïda lui déclare froidement qu'il ne l'aime pas. Qu'il aille donc rejoindre Amneris ! Oubliant sa patrie et son devoir, Radamès décide alors de suivre Aïda.

 

Feignant la crainte, Aïda lui demande quel chemin prendre pour éviter son armée. Tombant dans le piège, Radamès indique que les troupes égyptiennes passeront par les gorges de Napata. Sortant de sa cachette, d'où il a tout entendu, Amonasro révèle sa véritable identité à un Radamès anéanti par l'effroyable erreur qu'il vient de commettre. Il encourage Radamès à ne pas réfléchir davantage et à le suivre avec sa fille en Éthiopie où il aura amour et trône ; mais Amneris qui, elle aussi, a surpris la conversation, fait irruption avec les prêtres et accuse Radamès de trahison. Amonasro se précipite pour la poignarder, mais Radamès l'en empêche et, après avoir couvert la fuite d'Aïda et de son père, se rend à Ramphis. L'acte se conclut sur cette arrestation avec une brève coda, violemment scandée en accords vigoureux.

 

Acte IV

Premier tableau - Une salle du palais royal, à Memphis

Amneris craint pour la vie de Radamès, qu'elle aime toujours malgré sa trahison. Elle fait appeler le prisonnier et lui promet d'obtenir sa grâce s'il justifie sa conduite et s'engage à ne plus jamais revoir Aïda. Radamès ayant refusé ce qu'exigeait Amneris, les gardes le conduisent dans le souterrain où il sera jugé par les prêtres.

 

La scène du jugement commence par l'évocation fortissimo du thème des prêtres signifiant qu'ils tiennent leur proie qui ne peut plus s'échapper. Ce thème sous sa nouvelle forme ressemble beaucoup à une marche funèbre en l'honneur de l'ancien chef des armées.

 

Restée seule, Amneris entend la voix de Ramphis demander, à trois reprises, à l'accusé de se disculper. À chaque fois, la demande est précédée par un triple appel à Radamès par Ramphis aussitôt suivis par trois coups de trombone reprenant les notes chantées par le Grand Prêtre ; Radamès se tait sur un roulement ppp de grosse caisse. Puis, les prêtres l'accusent de trahison et Amneris implore inutilement la clémence des dieux. À chaque itération, les voix des prêtres montent d'un demi-ton, accentuant l'angoisse de la scène. Ayant gardé le silence, Radamès est condamné à périr emmuré vivant dans la crypte, châtiment réservé aux traîtres.

 

Déchirée en raison de son amour pour Radamès, culpabilisée par sa jalousie, et désespérée à cause du sort qui attend celui qu'elle aime, Amneris, après avoir vainement supplié les prêtres, les maudit avant de sortir sur une terrible et inapaisable coda répétée trois fois par un orchestre fulminant.

 

Second tableau - L'intérieur du temple de Vulcain et sa crypte

Radamès dans sa tombe se lamente sur son sort. Il ne reverra plus Aïda. Son attention est soudain attirée par un gémissement. Sur un accompagnement de quinze ré graves fatals aux basses, Il découvre que c'est Aïda, qui s'est introduite secrètement dans la crypte pour y mourir avec lui. Aïda et Radamès unissent leurs voix dans un ultime duo d'amour de plus en plus doux (« O terra, addio »), tandis qu'Amneris, la voix étouffée par le chagrin, implore la paix éternelle pour Radamès au milieu d'un chœur de louanges à l'adresse du dieu Ptah. Le rideau tombe lentement sur la mort d'Aïda dans les bras de Radamès alors que l'orchestre s'évanouit peu à peu dans le silence.

Programme et distribution

Chef d'orchestre: Paolo Arrivabeni
Mise en scène: Benedikt von Peter
Décors: Katrin Wittig
Costumes: Lene Schwind
Vidéo: Bert Zander
Chef de chœur: Jeremy Bines
Le roi: Tobias Kehrer
Amneris: Judit Kutasi
Aida: Hulkar Sabirova
Radames: SeokJong Baek
Ramfis: Byung Gil Kim
Amonasro: George Petean
Un messager: Thomas Cilluffo
Une prêtresse: Sua Jo
Chœur: Chor der Deutschen Oper Berlin
Orchestre: Orchester der Deutschen Oper Berlin

Galerie de photos
Bettina Stöß
© Bettina Stöß
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© Bettina Stöß
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© Bettina Stöß

Le Deutsche Oper Berlin

Le Deutsche Oper Berlin est une compagnie d'opéra situé dans le quartier de Charlottenburg à Berlin, Allemagne. Le bâtiment résident est le deuxième plus grand opéra du pays et abrite également le Ballet d'État de Berlin.

L'histoire de l'entreprise remonte à l'Opernhaus Deutsches construits par la ville alors indépendante de Charlottenburg-la "ville la plus riche de la Prusse», selon les plans conçus par Heinrich Seeling à partir de 1911. Elle a ouvert le 7 Novembre 1912 avec une représentation de Fidelio de Beethoven, menée par Ignatz Waghalter. Après l'incorporation de Charlottenburg par la Loi sur la région de Berlin en 1920, le nom de l'immeuble résident a été changé pour Städtische Oper (Opéra Municipal) en 1925.

Deutsches Opernhaus 1912
Avec la Machtergreifung nazi en 1933, l'opéra était sous le contrôle du ministère du Reich de l'Instruction publique et de la propagande. Ministre Joseph Goebbels avait le nom modifié pour revenir à Deutsches Opernhaus, en concurrence avec l'Opéra d'État de Berlin Mitte contrôlée par son rival, le ministre-président de Prusse Hermann Göring. En 1935, le bâtiment a été rénové par Paul Baumgarten et l'assise réduite de 2300 à 2098. Carl Ebert, le directeur général de la Seconde Guerre mondiale avant, a choisi d'émigrer en Allemagne plutôt que de défendre l'idée nazie de la musique, et a continué à coopérer -a trouvé le festival d'opéra de Glyndebourne en Angleterre. Il a été remplacé par Max von Schillings, qui a adhéré à adopter des œuvres d'"caractère non allié allemand". Plusieurs artistes, comme le chef d'orchestre Fritz Stiedry ou le chanteur Alexander Kipnis suivies Ebert dans l'émigration. L'opéra a été détruit par un raid aérien de la RAF, le 23 Novembre 1943. Performances poursuivie à l'Admiralspalast Mitte jusqu'en 1945. Ebert retourné comme directeur général après la guerre.

Après la guerre, l'entreprise dans ce qui était maintenant à Berlin-Ouest a utilisé le bâtiment voisin du théâtre des Westens jusqu'à l'opéra a été reconstruit. Le design sobre par Fritz Bornemann a été achevée le 24 Septembre 1961. L'ouverture de la production était Don Giovanni de Mozart. Le nouveau bâtiment a ouvert avec le nom actuel.

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